Titre : Aster Ostrich Plume
Thème : Les fleurs
Genre : Romance
Sous-genre : Humour, Fantastique
(Dis)clamer : Toute ressemblance avec des faits réels ou des personnages existant
ou ayant existé serait purement fortuite ! Les lieux et personnages
m'appartiennent, merci de ne pas les utiliser sans mon accord.
Attention, le genre "romance" est respecté jusqu'à l'effet "guimauve",
donc diabétiques du genre "shôjos" s'abstenir... lol !!!
- Tu n'en as pas marre de mentir sans arrêt à tout le monde ?!
Sa voix trahissait ce qu'elle pensait réellement... « à tout le monde, et surtout à moi »...
- Je ne mens pas, je travaille.
J'avais répondu calmement car je n'avais rien à me reprocher.
- C'est bien « ça » le pire ! Que tu sois payé pour mentir à toutes ces personnes ! Qui sait ce que tu fais d'autre... ?
Elle n'aimait pas mon emploi actuel et c'était loin d'être une grande nouvelle.
- Écoute, Rumi, je ne changerai pas ma façon de vivre pour une fille qui
refuse de m'accepter tel que je suis. Et mon travail, c'est ma vie !
Autant être clair là-dessus.
Son expression prit un air paniqué, des larmes se formaient au coin de ses yeux et sa voix monta d'une octave.
- Mais tu avais dit que tu m'aimais !
- Je t'ai également dit que je ne changerai pas de métier, même par amour.
La stupeur se lut sur son visage et l'instant d'après, sa main s'abattit sur ma joue.
- Chris, tu n'es qu'un sale gigolo égoïste, opportuniste, complètement
imbu de ta petite personne et incapable d'aimer qui que ce soit !
La sentence était tombée... et le couperet avec.
En quelques minutes, je m'étais retrouvé célibataire ET S.D.F.
Je n'étais pas particulièrement fier ni imbu de moi-même pour ne pas
vouloir demander à un ami de me loger, mais je ne voulais pas les
déranger...
Je me trouvai finalement un coin tranquille sur un banc
dans un parc où je m'allongeai et passai la nuit. C'était le début de
l'été et il faisait bon malgré une légère brise.
A mon réveil, j'étais installé sur le dos, les mains croisées sur mon torse, tenant
une fleur de chrysanthème comme si on avait voulu célébrer ma mort. Il
faut dire qu'avec mes vêtements - ceux que je portais pour travailler -
que je n'avais pas eu le temps de changer, j'avais vraiment l'air d'être
la dernière œuvre d'art du plus habile des croque-morts.
Vraiment très drôle.
Si Rumi était fâchée au point de me faire ce genre de blagues, j'allais devoir me méfier de mon ombre...
Je m'assis sur le banc, la tête dans les mains, me demandant ce que
j'allais bien pouvoir faire avant d'aller bosser. Je devais trouver le
moyen de me laver, me raser et me changer si je ne voulais pas, en plus,
me retrouver sans emploi.
- Et bien, vous n'avez pas l'air dans votre assiette, monsieur... Tout va bien ? Demanda la voix qui me tira de mes pensées.
- Oh, c'est gentil de vous en inquiéter, répondis-je avant de lever les yeux.
La voix appartenait à une magnifique jeune fille. Son sourire irradiait,
tout comme les rayons du soleil matinal qui formaient un halo autour
d'elle.
- Vous devriez aller voir ma sœur, c'est la fleuriste du
coin. Si vous lui apportez ce chrysanthème en lui disant que je la
remercie, elle vous aidera peut-être...
- D'accord, merci beaucoup... dis-je, complètement hypnotisé.
Puis je m'exécutai et me présentai chez ladite fleuriste alors qu'elle ouvrait à peine la boutique.
- Bonjour mademoiselle, votre sœur m'a dit que vous pouviez peut-être m'aider...
A peine avais-je prononcé ces paroles qu'elle m'adressa un regard furieux.
Décidément, j'avais la cote avec les femmes, en ce moment.
- Vos divagations grotesques ne me font pas rire, monsieur ! Allez-vous-en !
- Une jeune fille avec de longs cheveux bruns et bouclés et un sourire
d'ange m'a dit de vous apporter cette fleur et de vous transmettre ses
remerciements...
Son visage se referma et elle dit froidement :
- Ma sœur est décédée il y a plus d'un an. Allez donc raconter vos délires d'ivrognes à quelqu'un d'autre...
- Je comprends... Merci quand même, répondis-je en déposant le
chrysanthème dans l'un des seaux contenant de l'eau et d'autres
fleurs...
Alors que je passais mon chemin, elle s'écria :
- Ah ! Parce qu'en plus, vous m'avez suivie sur sa tombe et avez volé les
fleurs que j'y ai déposé ?!! Mais vous êtes un grand malade, vous !!
Là c'en était trop.
- C'est vous qui délirez, ma chère. J'ai certes passé la nuit dehors mais
c'était loin d'être une partie de plaisir... De plus, je ne suis pas
dérangé au point de visiter les cimetières à la tombée de la nuit et de
m'emparer des symboles du recueillement des vivants !
Elle me regarda, abasourdie. Ses yeux s'embuèrent de larmes tandis qu'elle réprimait ses sanglots.
- Je suis désolée... Je n'arrive pas à croire que ce soit possible...
Elle me manque tellement et vous, vous me dites ces choses absurdes...
Je soupirai et lui tendis le mouchoir blanc qui dormait toujours dans la poche intérieure de la veste de mon costume.
- Séchez vos larmes, mademoiselle... Il n'y a rien que je puisse faire
pour apaiser votre chagrin... mais sachez que si j'ai bien vu le fantôme
de votre sœur, alors c'est que notre destin était de nous rencontrer.
- Beau parleur, souffla-t-elle tout en camouflant un sourire triste.
- Merci, répondis-je poliment.
Puis je récupérai la fleur de chrysanthème d'une main, et lui tendis l'autre, l'invitant à me suivre.
Elle la saisit et je l'amenai dans le parc, près du banc où j'avais fait la connaissance de sa sœur...
J'ignorais si le fantôme au sourire angélique serait encore là, mais j'avais bien
l'intention d'en savoir un peu plus sur toute cette histoire.
- Que faisons-nous ici ? Demanda la fleuriste.
- C'est ici que j'étais... Je me suis réveillé avec ce chrysanthème dans
les mains... Et... elle était là, merveilleuse apparition dans les
rayons du soleil...
- Bonjour Ayumi... prononça la voix cristalline qui m'avait sorti de mes pensées ce matin.
- Yumika ? C'est bien toi ? Demanda la fleuriste, incrédule.
- Oui, grande sœur, c'est bien moi... Pardon de t'avoir causé tant de
soucis... Mais tout va bien maintenant... Je ne souffre plus de ma
maladie, là où je suis. Tu peux sourire à nouveau...
- Pourquoi ne me l'as-tu pas dit avant ? Pourquoi ne te montrer que maintenant ?
- Parce que ça ne pouvait être qu'aujourd'hui... Ça ne pouvait se faire
que le jour de votre rencontre, lui et toi... Grâce au chrysanthème.
- Tout ceci est clair comme du jus de chique, lâchai-je. Pourquoi moi ?
Je ne sais même pas comment cette fleur est arrivée dans mes mains...
Le fantôme de Yumika soupira doucement et pointa la fleur du doigt.
- C'est elle qui vous a désigné pour combler le vide que j'ai laissé dans
le cœur de ma sœur. Personne n'en est capable à part vous. Lorsque
Ayumi a traversé ce parc pour se rendre sur ma tombe, un bouquet
d'Ostrich Plume à la main, l'un des pétales s'est posé sur vous et le
chrysanthème s'est reconstitué... aussi incroyable que cela puisse
paraître...
- En effet, c'est une histoire à dormir debout ! s'exclama la fleuriste...
Mais lorsqu'elle posa sa main sur le chrysanthème que je tenais, les
« plumes » se détachèrent du cœur - comme un pissenlit sur lequel on
aurait soufflé – et virevoltèrent autour de nous... Ayumi m'apparut
comme un ange innocent qui fit fondre mon armure de gigolo blasé.
Son regard étonné me renvoyait le mien... C'était comme si elle me voyait pour la première fois, et moi aussi.
Nos deux cœurs vides pouvaient désormais battre au rythme de la vie et de
l'amour sous la bienveillance d'un ange nommé Yumika et des plumes d'une
fleur de chrysanthème...
FIN